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A.Lamarque : 22/01/2023



Interview Cyril Abiteboul : Sa vie après la Formule 1


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Cyril Abiteboul revient dans le monde du sport automobile en devenant le directeur de Hyundai en WRC (World Rally Championship) ! Ce week-end (20-22 janvier 2023), lors du rallye de Monte Carlo, il effectuait sa première sortie dans ses nouvelles fonctions et dans cette toute nouvelle discipline. En effet, le français a passé 20 ans en Formule 1 avant de quitter le groupe Renault en janvier 2021. Après une période de transition, l’ancien directeur d’équipe est devenu le directeur général de CDK, un chantier naval qui produit des pièces composites pour des voiliers de compétition, en avril 2022.

Son bilan de ses années F1 ? Quel impact a eu l'arrivée de Netflix ? Pourquoi la voile ? Sa vision sur le sport et l’écologie ?

En septembre 2022, lors de l'événement Demain, le sport, nous avons pu lui poser ces questions. Échange avec un très grand nom du sport automobile français.

Antoine Lamarque : Quel bilan tirez-vous de ces années en Formule 1 ?

Cyril Abiteboul : C’était de superbes années ! À titre personnel, j’ai beaucoup appris. J’ai vécu des aventures extraordinaires et rencontré des gens extraordinaires. J’ai donné énormément de mon temps et je pense avoir laissé une contribution dans le sens où, sans ce que j'ai fait, il n'y aurait pas d’équipe française aujourd’hui. Qu’elle s'appelle Renault ou qu'elle s’appelle Alpine. J’ai beaucoup reçu et j’ai beaucoup donné. J’ai envie de croire qu’il y a aussi eu un impact sur la façon dont le sport a évolué sur le plan technique, sur le plan financier. Un bilan riche !

AL : Comment avez-vous vécu cette médiatisation soudaine avec l’arrivée de Netflix en Formule 1 ?

CA : C’est étrange car on n’est pas programmé à ça. Moi, j’ai fait une école d’ingénieur. Je n’ai pas fait d'écoles, soit de communication, soit de média training, soit de dramaturgie donc on le fait avec ses erreurs et avec ses tripes. Rétrospectivement, il y a probablement des choses là dedans que je ferai différemment. Toutefois, j’ai aussi appris pour ma vie d’aujourd’hui et de demain que l’outil médiatique est une arme extraordinaire surtout dans cette époque avec ces nouvelles formes de narrations que l’on peut aussi utiliser pour ses propres objectifs.


Affiche du documentaire de Netflix sur la Formule 1.

AL : Vous êtes aujourd’hui (l’entretien s’est déroulé en septembre 2022) dans le milieu nautique. Comment se sont faits les contacts avec ce secteur ?

CA : C'est un fond d’investissement qui est venu me chercher car il a racheté un chantier. Il m’a proposé de venir participer à la relance et à la croissance de ce chantier. C’est un milieu qui a de fortes similitudes mais aussi des différences avec la formule 1.

AL : C’était de votre volonté de rester dans le milieu de la compétition ?

CA : J’aime la compétition ! Moi-même, je suis compétitif dans mon esprit. Dans ce type de milieu, on trouve des gens passionnés, entiers et qui ont un caractère donc un peu comme moi. Ce sont des environnements où les choses peuvent changer très vite. On peut donc avoir un impact et mesurer ce dernier à l'échelle de quelques mois voire de quelques années au maximum. C’est assez grisant.

AL : Quelles sont les différences d’un point de vue management entre CDK (le chantier naval où Cyril Abiteboul était employé à la date de l’entretien) et une écurie de formule 1 ?

CA : CDK est beaucoup plus humble puisque c'est un élément de l'ensemble de la chaîne de valeur (Une chaîne de valeur est l'ensemble des étapes déterminant la capacité d'une entreprise à obtenir un avantage face à ses concurrents (avantage concurrentiel). Ces étapes correspondent à l’ensemble des activités constitutives d’une organisation.). Une équipe de formule 1 est entièrement intégrée. Dans la voile, il y a les architectes, les bureaux d’étude, les chantiers, les skippeurs, les armateurs, les sponsors… C’est extrêmement fragmenté. Il y a alors cette frustration de ne pouvoir avoir un impact que sur un élément de la chaîne de valeur. Je regarde donc comment cette chaîne de valeur va ou ne va pas évoluer pour peut-être se rapprocher un peu plus de celle de la formule 1.


Coque de voilier sortant des chantiers de CDK

AL : Vous avez évolué dans deux sports fortement concernés par les questions écologiques. Quelle est votre vision des compétitions sportives et de l’écologie ?

CA : Très simplement, la planète se porterait globalement mieux si personne ne faisait de sport. D'ailleurs, la planète se porterait mieux s’il n’y avait pas d'activité humaine. Maintenant, il y a l'homme sur terre, il y a des activités humaines donc il est important de voir comment on peut les mettre au profit de tous les enjeux : sociaux (inclusion), environnementaux… Les sports mécaniques au sens large (automobile, vélo, voile..) peuvent avoir un rôle à jouer dans le développement de solutions de mobilité, de transport, de logistique, de gestion de l’énergie...Quitte à faire du sport, je trouve ça plutôt bien d’être engagé dans des sports qui peuvent avoir une forme d'impact positif même si au global un sport reste polluant. En effet, transporter des centaines de milliers de personnes d’un endroit à l’autre de la planète, ça n'est globalement pas bon pour la planète. Il faut l’avouer, il faut se le reconnaître.

Pour les curieux de voile au large, Cyril Abiteboul vous recommande de suivre la Ocean Race 2023. Suivez maintenant les performances de la nouvelle équipe dirigée par le français ici.


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